Extraits – Bar de la Sidérurgie

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– Et l’arbitre, il disait rien ?
– L’arbitre ? … mon pauvre ! Déjà c’était un enculé et ensuite il courait comme une vieille. Toujours à quinze kilomètres du jeu. Il arrivait tout essoufflé que tout le stade avait peur qu’il avale le sifflet. Je suis sûr que les arrêts de jeu, c’était exprès pour se reposer.
– À un moment Pancho il a la balle, il te déborde sur la droite, il te fait une feinte que l’autre, peuchère, son vis-à-vis, il doit encore être en train de se demander où il est passé le ballon. Il va pour centrer en retrait que c’était le but tout cuit parce que nous autres on était trois dans la surface, prêts pour la reprise de volée. À ce moment-là, l’Esteban, il arrive par derrière, il lui prend le pied à Pancho. Sur le moment on a pensé qu’il pourrait plus jamais jouer au football. Son pied il était presque sectionné en deux. Presque.
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Mon petit Kévin, je suis capable de casser beaucoup de choses… Le secret c’est qu’il faut pas se battre. Quand on se bat on peut prendre un mauvais coup.

– C’est toi qui mmme dis ça ?
– Eh mais je ne me suis pas battu, moi. J’ai donné un coup. C’est tout. Quand deux hommes se battent ils échangent des coups. Moi je n’échange rien du tout. Je donne UN coup. Un coup incapacitant.

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Éliane prend les mains de Loule dans les siennes et pose un baiser sur sa joue droite. Un baiser à nul autre pareil. Tendre chaud et sucré. Loule garde les yeux fermés. Des larmes se forment à l’intérieur. Il sent le souffle d’Éliane sur son visage car ses lèvres sont à douze millimètres environ des siennes.
Au bout de quelques secondes car il faut quand même laisser les choses se faire, elle constate :
– Ça a marché !
Loule n’ouvre pas les yeux. Il répond :
– C’est vrai, Éliane : je suis devenu le prince charmant ?
– Oui, le plus beau des princes charmants…
– Et le cheval, il est là ?
– Ah merde, dit-elle, j’ai loupé le cheval. On va devoir continuer à pied.
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– Qu’est-ce que tu me racontes ? Une mouche qui vole pas, vé, tu l’entends pas ! Tu peux t’ouvrir les esgourdes tant que tu veux : si la mouche a volé pendant toute la matinée et qu’elle se repose un peu parce qu’elle est fatiguée, elle est là, elle fait rien, elle s’est assise sur un bout de mur, elle se frotte juste un peu les mains. Elle fait pas de bruit. Juste elle respire, pas fort. Si ça se trouve elle fait la sieste. Maintenant quand elle repart pour aller promener, pour aller se manger un morceau elle fait du bruit avec ses petites ailes. À ce moment-là Malek passe et il se dit tiens y a la mouche qui est là. Eh oui. Mais c’est parce qu’elle vole sinon, mon grand Malek, malgré toute sa cervelle, jamais il aurait entendu qu’il y avait la mouche… Alors c’est pas la peine de préciser qu’on entend la mouche « qui vole » puisque si ne elle vole pas, la mouche, on ne l’entend pas !

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– Mais Félicien, il est pas mécanicien dans un garage à te changer les cardans et à te faire les niveaux en s’essuyant sur le bleu, il est mécanicien… des fluides !
Mécanicien des fluides, tu touches à rien. Tu réfléchis et tu dis : là, là et là il faut mettre un piston. Ici tu me mets la vidange et dans deux heures et dix-sept minutes, c’est plein, il faut faire attention que ça déborde pas. C’est ça, mécanicien des fluides…
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